man in white dress shirt and gray shorts standing on gray concrete pavement looking at the sea

On ne choisit pas ce qu’on aime

« Il ne fait rien de la journĂ©e, ses notes sont en chute libre. Je n’arrive pas Ă  le motiver Ă  quoi que ce soit. »

Une mĂšre de famille me tenait ce discours Ă  propos de son fils adolescent. Elle voulait que je l’aide, que je le motive Ă  quelque chose peut-ĂȘtre. Mais quoi ?

Le problĂšme commençait Ă  prendre des proportions qui l’inquiĂ©taient de plus en plus. Toutes ses tentatives de le motiver Ă  quelque chose semblaient avoir Ă©chouĂ©. Face Ă  cette impasse, que faire ?

Au risque de vous dĂ©cevoir, cette histoire n’a pas d’heureux dĂ©nouement (ni de dĂ©nouement tout court d’ailleurs). Aller voir un adolescent qui n’avait rien demandĂ© pour tenter de le motiver Ă  faire « quelque chose » ? Bonjour la mission impossible. Je ne suis pas fou.

Je ne suis pas allĂ© plus loin car, quelque part, je ressentais que le problĂšme Ă©tait mal posĂ©. Evidemment, cet adolescent souffrait probablement d’un mal-ĂȘtre. Il n’Ă©tait pas excitĂ© par ce qu’il faisait, par ce qu’il apprenait Ă  l’Ă©cole. Bref, un spĂ©cimen d’adolescent tout Ă  fait courant. 😅


Maintenant, de deux choses l’une :

  • Soit cet adolescent n’avait pas trouvĂ© ce qu’il aimait. L’idĂ©al est alors de prendre du recul et se donner le temps et les occasions de le dĂ©couvrir. Voyager aide. Tester des mĂ©tiers aide. C’est d’ailleurs dans cet esprit que nous avons conçu PrĂ©p’apprentissage, pour faire tester 4 mĂ©tiers diffĂ©rents avant de s’engager dans l’un d’eux en formation en apprentissage.
  • Soit cet adolescent avait trouvĂ© ce qu’il aimait, mais il n’en Ă©tait pas conscient. Et c’est bien lĂ  le problĂšme : beaucoup savent ce qu’ils aiment au fond mais enfouissent cette idĂ©e dans les trĂ©fonds de leur conscience car elle ne correspond pas aux attendus de la sociĂ©tĂ©.

J’aimerais Ă©voquer ici le second cas. AprĂšs tout, si ce qu’on aime ne correspond pas aux attendus, s’il n’y a (apparemment) pas de dĂ©bouchĂ©s, alors il suffit de changer. Il suffit… de se forcer Ă  aimer autre chose… n’est-ce pas ?

J’ai mis du temps Ă  le rĂ©aliser, mais c’est tout bonnement impossible, sauf Ă  se faire durablement souffrir psychologiquement.

On ne choisit pas ce qu’on aime. On ne choisit pas qui on aime. Ca vous tombe dessus, tout simplement.

La sociĂ©tĂ©, votre famille, vos amis, vous mettront indirectement la pression pour aller dans la voie convenable. Personne ne vous dit que ce que vous aimez « n’est pas une voie convenable », mais vous avez bien compris que c’Ă©tait le message. Alors vous essayez de plaire, de faire ce qu’on attend de vous. Vous vous forcez. Ca marche un temps, mais vous vous mentez Ă  vous-mĂȘme. Vous pouvez fuir, ça ne changera rien Ă  ce que vous aimez.

Si vous aimez un type d’activitĂ©, ĂȘtre plutĂŽt seul ou au contraire en groupe, travailler avec un certain type de personnes… c’est vous. Vous ĂȘtes comme ça.

Vous pouvez tordre la vĂ©ritĂ©, la jeter au fond d’un trou : elle reviendra vous voir, elle vous retrouvera et vous suivra inlassablement.

On ne choisit pas ce qu’on aime. On ne choisit pas qui on aime. Ca vous tombe dessus, tout simplement. A vous d’en faire quelque chose.

14 rĂ©flexions au sujet de « On ne choisit pas ce qu’on aime »

  1. Si seulement je pouvais retourner en arriĂšre pour changer la voie que j’ai choisi. Maintenant j’ai 28 ans et je me dis « si Ă  18 ans j’avais prise une autre dĂ©cision ». C’est Ă  la fois angoissant et triste

    1. Il y a autre chose que je n’ai pas dit mais ça peut faire l’objet d’un autre billet : il n’est jamais trop tard, rien n’est actĂ© pour la vie. Tu aurais 58 ans que je tiendrais le mĂȘme discours. Tu en as 28.

    2. C’est une fausse idĂ©e de penser qu’arrivĂ© Ă  un certain Ăąge on ne peut plus changer ses choix. C’est se limiter. Tout est possible Ă  n’importe quel Ăąge, et d’autant plus Ă  notre Ă©poque, il suffit juste de sortir de sa zone de confort et des sentiers battus. Ne pas avoir peur de prendre des risques. Beaucoup de gens sont dans cette situation, et ont peur car soit il y a les enfants, soit la peur au niveau financier, le regard des autres, oui ce fameux regard des autres…et au final, cela fini par des regrets, des personnes qui sont malheureuses dans la voie qu’elles ont choisie, sans enthousiasme, et n’auront jamais fait ce qu’elles aimaient faire, et ce pour quoi elles Ă©taient faites. « 

  2. Bonjour Mathieu,

    Article sympa. Merci 🙂

    Comment faire lorsque plusieurs sujets nous passionne / nous intéresse ?

    J’ai lu rĂ©cemment, qu’il fallait passer environ 10.000 heures pour ĂȘtre expert(e) dans un domaine.

    Donc, j’ai l’impression que l’on doit faire des choix car les journĂ©es ne font que 24 heures 🙁

  3. Bonjour Matthieu,
    Tu m’as l’air d’avoir bien rĂ©ussi depuis le site du zĂ©ro :). J’ajouterais une chose: l’amour a besoin de sens, y compris pour l’amour de ce qu’on fait. Une activitĂ© qui lui donne du plaisir ne fera pas forcĂ©ment un bon mĂ©tier pour lui, parce que mĂȘme de cette activitĂ©, il pourrait se lasser, faute de sens. De plus, si ÄŸon manque de sens dans d’autres domaines de sa vie, il se peut que l’on dĂ©prime et qu’on n’arrive plus Ă  donner du sens Ă  quoi que ce soit. Cet adolescent a peut-ĂȘtre comme beaucoup un problĂšme gĂ©nĂ©ral de sens et de valeurs, parce qu’il n’y a plus de valeurs absolues dans notre sociĂ©tĂ©, et qu’on considĂšre que chacun doit trouver les siennes, ce qui est antinomique avec l’idĂ©e mĂȘme de valeurs absolues qui nous dĂ©passeraient et auxquelles on pourrait se dĂ©dier.

  4. Il est plus facile d’aimer que de dĂ©tester ou le contraire mais c’est quoi aimer ou c’est quoi dĂ©tester ?
    Il faut prendre la vie comme elle vient, se donner des objectifs et apprendre de ces obstacles. Oui on se devouvre des talents ou des difficultĂ©s. Faut utiliser les uns et amĂ©liorer les autres. Moi c’etait les maths et l’informatique le plus facile, le français le plus complique puis une soif d’apprendre et une envie de partager mes connaissances. C’est pour cela qu’en tant que retraitĂ© je suis devenu mentor.
    Je crois que j’aura pu motivĂ© cet adolescent ou du moins comprendre sa difficultĂ© du moment.

  5. On ne peut plus d’accord ! C’est la curiositĂ© qui permet de trouver ce que l’on aime et sa voie et c’est tellement agrĂ©able d’avoir le luxe d’aimer son mĂ©tier, mais il faut aussi avoir une bonne dose de courage pour aller au delĂ  des conventions sociales et du cercle familial et je dirai que c’est la partie la plus difficile ! Une fois le cap franchi on a presque l’audace de vouloir apprendre tous les mĂ©tiers du monde 🙂

  6. Ça fait Ă©normĂ©ment de bien de lire ses mots et de s y reconnaĂźtre. Se sentir enfin rĂ©ellement Ă©coutĂ© et compris.

  7. Bonjour Mathieu,
    Je partage ton observation et j’ajouterai que c’est enlever la responsabilitĂ© de l’apprenant sur ses choix. Et tu as raison d’une certaine maniĂšre, inconsciemment, l’Ă©tudiant ne rĂ©alise pas  toujours que ses dĂ©cisions vont impacter son avenir.  Et ne rĂ©alise pas qu’il a en fait le pouvoir de choisir. Bien sur que l’entourage, la famille, l’environnement est intrinsĂšquement liĂ© Ă  ses choix. Il y va de sa prise de conscience et de sa maturitĂ© Ă  ce moment lĂ . J’aime dire aux Ă©lĂšves que j’accompagne ou aux parents avec lesquels je partage au quotidien, que mettre l’apprenant face Ă  ses responsabilitĂ©s, ça passe avant tout par apprendre Ă  se connaitre. Comprendre son fonctionnement et quelles habitudes ont Ă©tĂ© mis en place pour avoir quel rĂ©sultat. Si rĂ©sultat souhaitĂ© 🙂 Et savoir ce que l’on veut vraiment faire, Ă©tudier.? Jouer Ă  Minecraft, lire un bouquin ou jouer avec ses copains. Leur parler plutĂŽt d’expĂ©rience Ă  faire et donc mettre le mot « choix » non pas dans un truc qui est figĂ© dans le temps mais plutĂŽt comme quelque chose qui bougent tout le temps, plutĂŽt parler d’expĂ©rience Ă  faire…et aprĂšs on verra bien ou cela nous mĂšnera…C’est ce qui construit l’individu, une somme d’expĂ©riences, de connaissances et d’autorisation que tout est possible !!! Ton sujet m’a bien inspirĂ© 🙂

  8. Mais que le chemin se complique lorsque l’on n’a pas une bonne fĂ©e qui se penche sur toi Ă  ta naissance et qui te tend la main pour te montrer le chemin.
    Il est toujours possible de faire ses choix seul, de se tromper, d’en faire d’autres et de faire une carriĂšre qui te rendra heureux. MĂȘme avec un age avancĂ©.
    Il est tellement simple de dire tu es mauvais,…
    et puis ne pas prendre le temps de tendre la main Ă  cette personne pour lui permettre de s’amĂ©liorer et de trouver sa propre voie.

  9. Bonjour Mathieu,
    Je suis heureux de vous redĂ©couvrir Ă  travers les articles de votre blog. Votre talent, a insufflĂ© de l’Ă©motion dans les textes que vous nous partagez, m’a beaucoup Ă©mu.
    Votre humanitĂ©, tel que j’aimerai que tous le monde la conçoive, est prĂ©cieuse, puissiez-vous la prĂ©server indĂ©finiment.
    Merci du fond du cƓur.

  10. Merci, Mathieu Nebra, pour cet article qui, de mon point de vue, reflĂšte bien le caractĂšre d’entreprise Ă  mission d’Openclassrooms.

    DĂ©velopper sa singularitĂ© au service de sa contribution au collectif et de son propre bien-ĂȘtre ; ce sont les valeurs qui me guident et que je tente de transmettre quotidiennement auprĂšs de public de tous Ăąges. Je me rĂ©jouis que les gĂ©nĂ©rations les plus rĂ©centes s’empare de cette opportunitĂ© de se rĂ©aliser sur les plans personnel et professionnel simultanĂ©ment 😊

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