Nous avons rĂ©cemment produit une vidĂ©o sous la forme d’un mini-documentaire pour prĂ©senter l’histoire d’OpenClassrooms. Il est centrĂ© sur les co-fondateurs (Pierre et moi). Pas facile de faire quelque chose de satisfaisant tant il y aurait de gens Ă remercier, mais on sentait qu’il fallait le faire au moins une fois. đ
Un peu d’archĂ©ologie (Site du ZĂ©ro v1)
Je suis retombĂ© par hasard sur une sauvegarde du Site du ZĂ©ro v1, datant du dĂ©but des annĂ©es 2000 (le site avait Ă©tĂ© lancĂ© fin 1999). Je me suis surpris Ă relire certains de ces cours que j’ai Ă©crit il y a trĂšs longtemps. Peu d’entre eux ont survĂ©cu, Ă part quand mĂȘme le cours HTML que je continue encore aujourd’hui Ă mettre Ă jour.
Il n’y a peut-ĂȘtre que moi que ça intĂ©resse, mais au cas oĂč il y ait des curieux parmi vous, j’ai dĂ©cidĂ© de publier ces archives. Relire le code source est presque aussi amusant que de relire ces cours. đ
Les cours que j’ai retrouvĂ©s incluent HTML (le tout premier), Visual Basic, Worldcraft…
Consulter les archives du Site du Zéro v1

Bonne lecture !
Manifeste
Je souhaitais depuis longtemps rĂ©sumer en une page ce qui me motive, ce qui me donne de l’Ă©nergie, ce qui guide mes dĂ©cisions. J’ai enfin pris le temps de le faire sous la forme d’un manifeste, que je publie ci-dessous.

Lâhistoire a commencĂ© simplement : je voulais apprendre Ă crĂ©er des sites web, mais je ne trouvais pas de ressources pour dĂ©buter. Il y avait bien des livres Ă la librairie prĂšs de chez moi, mais ils Ă©taient tous clairement destinĂ©s Ă des professionnels. Quant aux sites web pour se former, en 1999, nâen parlons pas : câest Ă peine sâils existaient.
Jâai passĂ© des annĂ©es Ă comprendre ce pour quoi je me battais. Dâailleurs, je ne me bats jamais vraiment. Du moins, pas directement. Je prĂ©fĂšre trouver des solutions, combler les manques. Câest ce que jâai fait, en Ă©crivant le cours dont jâaurais eu besoin. Il est devenu un site web, le Site du ZĂ©ro, puis une entreprise, OpenClassrooms. Les cours quâon y trouve, tous accessibles gratuitement, bĂ©nĂ©ficient aujourdâhui Ă 2 millions de personnes chaque mois.
Jâai la chance inouĂŻe de recevoir des tĂ©moignages en continu de gens qui me disent que ce que jâai fait a eu un vĂ©ritable impact sur leur vie professionnelle.
Je nâoublierai jamais comment, la veille de NoĂ«l, alors que je faisais des cadeaux de derniĂšre minute avec ma sĆur, jâavais Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par cet Ă©tudiant sĂ©nĂ©galais dans une rue dâAvignon. Il avait la chance de pouvoir suivre des Ă©tudes en France dans une Ă©cole parce quâil avait pu se former en ligne sur mes cours pour rĂ©ussir le concours dâentrĂ©e. Il Ă©tait livreur de sushis pour payer ses Ă©tudes et avait tenu Ă mâoffrir une grande boĂźte de sushis pour me remercier (jâai donc mangĂ© des sushis Ă NoĂ«l !). Sa main tremblait au moins autant que la mienne quand il me lâa serrĂ©e.
Je nâoublierai jamais non plus comment cet autre Ă©tudiant, devenu Data Scientist Ă Paris, mâa racontĂ© son histoire. Originaire dâune petite Ăźle du Pacifique, en PolynĂ©sie Française, il nâavait pas accĂšs Ă internet. Il profitait de ses passages Ă Tahiti pour tĂ©lĂ©charger des cours et apprendre, seul, de retour sur son Ăźle. Câest ce qui lui a permis de trouver sa voie et de devenir ce quâil est aujourdâhui.
Petit Ă petit jâai compris que ce que je menais Ă©tait en fait bien un combat : celui de lâaccessibilitĂ© Ă lâĂ©ducation. Je lâai compris parce que, Ă chaque fois que je vois un Ă©tudiant se voir refuser dâapprendre pour une raison injuste (quelquâun qui vous dit « ce nâest pas pour vous »), mon sang se met Ă bouillir. Je le sens sous ma peau. Ăa me rend fou.
Je dĂ©teste autant cette sensation quâelle ne mâĂ©nergise : je ne veux pas en rester lĂ , je veux faire quelque chose.
Je crois quâon ne choisit pas ce quâon aime. Cela vient Ă nous, comme une Ă©vidence, si on prend le temps de sâĂ©couter vraiment.
Je crois quâil nây a pas une voie royale pour les Ă©tudes, Ă suivre Ă tout prix pour avoir le meilleur poste et le meilleur salaire. Je crois dâailleurs que câest chiant, le meilleur poste et le meilleur salaire.
Je crois quâil y a autant de voies que dâindividus.
Je crois que tous les parcours sont atypiques parce que nous sommes uniques.
Je crois quâil nây a rien de plus beau et de plus apaisant que dâĂȘtre enfin dans sa voie.
Je crois quâon devrait ĂȘtre informĂ©s de tout ça. Et mĂȘme plus : je le veux.
Je veux quâon ait accĂšs Ă une information complĂšte, non biaisĂ©e, des mĂ©tiers qui existent.
Je veux quâon puisse se faire accompagner, sans jugement, pour dĂ©couvrir ce qui nous plaĂźt vraiment.
Je veux quâon puisse se former, se tromper de voie, recommencer Ă tout moment de la vie.
Je veux quâil y ait une solution prĂ©cise pour chaque Ă©tudiant qui ne peut pas suivre une formation quand il nâa pas les prĂ©requis.
Je veux quâil y ait une solution quel que soit le handicap : auditif, visuel, moteur⊠financier.
Je veux une plus grande diversitĂ© de profils dans tous les mĂ©tiers, parce quâune sociĂ©tĂ© plus inclusive part de lĂ .
Je veux beaucoup de choses. Mais câest bien, câest apaisant : je suis dans ma voie. Celle qui consiste Ă aider les autres Ă trouver la leur.
Mathieu Nebra
Sortez.
Câest une histoire que je raconte souvent aux gens qui me demandent comment je gĂšre tout ce qui se passe chez OpenClassrooms. Vu de lâextĂ©rieur, on peut avoir lâimpression que câest difficile de ne pas devenir fou :
- On est environ 100 personnes aujourdâhui (il y a un an, on Ă©tait⊠35)
- Notre chiffre dâaffaire a augmentĂ© de +120% lâan dernier
Il nây a pas de recette magique, mais je partage volontiers quelque chose que nous avons toujours rĂ©guliĂšrement fait avec mon associĂ© Pierre : nous sortons. Tous les deux, hors du bureau.
Tous les 6 mois, nous prenons un week-end de 3 jours hors des bureaux. Nous allons souvent dans un chĂąlet dans les Alpes, et nous avons mĂȘme poussĂ© une fois jusquâen Italie. La clĂ© semble ĂȘtre dâaller aussi loin de la civilisation que possible, pour Ă©viter toute distraction.
Quây faisons-nous ?
Nous parlons beaucoup.
Nous listons tout ce dont nous voulons parler. Tout ce qui nous passe par la tĂȘte.
Ensuite, nous en parlons, jusquâĂ ce que nous tombions tous les deux dâaccord sur des solutions. Câest plus facile que ça en a lâair pour nous, peut-ĂȘtre parce que nous nous sommes amĂ©liorĂ©s au fil du temps. La clĂ©, câest la pratique (comme un peu tout dans la vie). đ
Les dĂ©cisions les plus importantes ont Ă©tĂ© prises de cette façon. Une fois, nous avons dĂ©cidĂ© que nous en avions marre des pubs sur notre site et que vendre des livres nâallait pas nous permettre dâĂ©voluer beaucoup. Nous avons choisi dâarrĂȘter nos 2 principales sources de revenus⊠et nous avons dĂ©cidĂ© dâen dĂ©marrer une nouvelle, qui serait basĂ©e sur un modĂšle freemium.
Cela a pris 2 ans. Quand on y pense, câĂ©tait une des dĂ©cisions les plus importantes et les plus positives que nous ayons pu prendre. Elle a permis le succĂšs de lâentreprise qui a suivi.
Nous partons donc, et câest aussi simple que ça. Jâen parle aujourdâhui parce que jâai lâimpression que trop peu dâentrepreneurs semblent oser faire ça. Ce nâest pourtant pas comme si leur entreprise ou le monde allait sâĂ©crouler en leur absence.
Partir nous a prouvĂ© Ă chaque fois que cela nous aidait Ă percevoir les choses avec plus de hauteur de vue. Au sens figuré⊠comme au sens propre. đ
Passe ton bac d’abord !
La scÚne se déroule il y a quelques années.
Nous sommes en voyage de noces avec ma femme. Nous venons tout juste dâarriver Ă Chiang Mai, pour la suite de notre pĂ©riple de 3 semaines en ThaĂŻlande.
En descendant du bus, nous nous mettons en recherche dâun tuk-tuk (la version locale du taxi) quand 2 filles viennent nous proposer de partager le trajet.
Nous acceptons, nous sympathisons rapidement et nous leur demandons ce quâelles font ici :
â On est des Pays-Bas, on voyage ensemble.
â Ah oui, combien de temps ?
â Oh, on ne sait pas trop, ça fait quelques mois, lĂ on fait la ThaĂŻlande puis ensuite on va aller en Inde on pense.
â Et vos Ă©tudes ? Vous les faites en parallĂšle ?
â Non, on vient dâavoir notre Bac (NdT : lâĂ©quivalent local en fait) et lĂ on voyage. On fait beaucoup ça dans notre pays, on prend en gĂ©nĂ©ral une annĂ©e pour dĂ©cider ce quâon veut faire ensuite. Pas vous ?
Bah non, pas nous.

Notre systĂšme Ă©ducatif aime bien lâordre. Il y a une voie Ă suivre. On passe le brevet, puis on choisit une option au lycĂ©e (de prĂ©fĂ©rence S), puis on passe le Bac, puis on fait une licence et un master. Tout autre chemin est au mieux vu comme un accident, au pire comme un Ă©chec.
« Prendre une année pour voyager, ne rien faire de spécial, mais ils sont fous aux Pays-Bas ! »
Je me souviens que lâannĂ©e du Bac Ă©tait assez stressante (bon, dâaccord, surtout la fin de lâannĂ©e đ). Le focus ? RĂ©ussir le Bac. Si tu nâas pas ton Bac, il paraĂźt que tu ne pourras jamais trouver de travail, tu seras sans-emploi, puis sans-abri, tu feras la manche dans la rue.
Alors lâorientation dans tout ça ? Eh bien, je ne sais pas vous, mais de mon cĂŽtĂ© le peu de conseil en orientation que jâai eu, câĂ©tait suite Ă des recherches sur internet et des salons. Quant aux profs, ils veulent bien aider mais ne sont pas formĂ©s à ça. RĂ©sultat des courses : ils vous conseillent une prĂ©pa, ou Ă la rigueur un BTS ou un DUT. Dâaccord, mais pour faire quoi ?
En vĂ©ritĂ©, on ne prend pas le temps de choisir ce quâon veut faire. On dĂ©cide un peu dans lâurgence, souvent par dĂ©faut sur (feu ?) Admission-Postbac.
On a toujours Ă©tĂ© habituĂ© à ça, cela nous paraĂźt ĂȘtre « normal », comme si câĂ©tait la seule façon de rĂ©flĂ©chir Ă son orientation. Pourtant, il mâa suffi de voyager juste un peu pour dĂ©couvrir que ce nâĂ©tait pas partout comme ça.
« Prendre une année pour voyager, ne rien faire de spécial, mais ils sont fous aux Pays-Bas ! », me suis-je dit sur le coup.
Il est urgent de prendre le temps de respirer.
Aujourdâhui, avec du recul, je me demande si ce nâest pas lâinverse qui est fou. On est toujours en train de courir : contrĂŽles, examens, diplĂŽmes⊠On ne sort pas la tĂȘte de lâeau un instant. Alors on choisit vite fait nos Ă©tudes supĂ©rieures tout en continuant Ă courir.
Et ensuite ? Si ça ne convient pas, on sâen rend gĂ©nĂ©ralement compte aprĂšs avoir errĂ© durant quelques annĂ©es dâĂ©tudes ou, pire, aprĂšs avoir commencĂ© Ă travailler (ou, pire encore, jamais : on nâest pas heureux mais on ne sait pas pourquoi).
Or, câest dans les moments de « pause » quâon y voit plus clair sur ce quâon aime vraiment faire.
Il est urgent de prendre le temps de respirer. Il ne faut pas avoir peur de chercher sa voie, en dehors du cycle scolaire.
Je me doute que vous pensez sûrement : « Que de temps perdu ! Pendant que les autres font des études, je vais prendre du retard ! ».
Je comprends enfin aujourdâhui que ce nâest pas du temps perdu, mais du temps prĂ©cieux de gagnĂ©. Il vaut mieux prendre un peu de temps maintenant pour Ă©viter dâen perdre beaucoup ensuite en se trompant de voie.
Alors, concrĂštement, comment faire ? Voici quelques pistes :
- Prenez une annĂ©e de cĂ©sure aprĂšs le Bac : oui, mĂȘme si les autres ne le font pas tous. Le concept de lâannĂ©e de cĂ©sure nâest pas trĂšs dĂ©veloppĂ© en France, mais rien ne vous empĂȘche dâen faire une ! A part la pression parentale peut-ĂȘtre (montrez-leur ce billet dans ce cas đ ) ?
- Prenez une formation dĂ©diĂ©e : elles commencent Ă apparaĂźtre, y compris dans les universitĂ©s françaises. Vous nâavez mĂȘme pas besoin dâune annĂ©e complĂšte : quelques 6 mois peuvent dĂ©jĂ vous apporter beaucoup ! Regardez notamment :
– PaRĂ©O Ă Paris-Descartes.
– RE/Agir Ă Limoges.
– Tremplin Ă Strasbourg.
– Uncollege aux Etats-Unis (jâai rencontrĂ© le fondateur rĂ©cemment, Ă la base il voulait ĂȘtre fermier !) - Voyagez : câest en allant voir ailleurs bien souvent quâon sort la tĂȘte de lâeau. Alors nâayez pas peur dâaller dans dâautres pays, dĂ©couvrir dâautres cultures et dâautres façons de penser.
- Testez des mĂ©tiers : nâayez pas peur de faire des stages, y compris pour des mĂ©tiers trĂšs variĂ©s qui nâont rien Ă voir avec vos Ă©tudes. Dites-vous que câest juste pour goĂ»ter Ă lâexpĂ©rience. Soyez curieux.
DâaprĂšs lâexpĂ©rience dâUncollege, la plupart des Ă©tudiants ont besoin dâĂȘtre un peu guidĂ©s. Il suffit dâavoir un suivi rĂ©gulier par un mentor pour amĂ©liorer de façon trĂšs nette les rĂ©sultats.
Mais avant tout, il faut ĂȘtre libre. Libre de sâennuyer, voyager, sentir ce qui nous attire. Câest un peu perturbant aprĂšs des annĂ©es dâĂ©tudes Ă courir sur place, mais on se rend vite compte que ça fait un bien fou et que câest vraiment utile.
Et vous, si vous ĂȘtes Ă©tudiants, quâen pensez-vous ? Le feriez-vous ?
Si vous ĂȘtes dĂ©jĂ en poste, pensez-vous que ça vous aurait Ă©tĂ© utile avec du recul ?
Dites-moi tout, je suis curieux dâavoir vos rĂ©actions ! đ
Pourquoi nous avons tous aimĂ© âCâest pas sorcierâ
Quand jâĂ©tais petit, les Ă©missions scientifiques pour les jeunes Ă©taient plutĂŽt rares Ă la tĂ©lĂ©vision. Il y en a une en revanche qui faisait lâunanimitĂ© et qui aura traversĂ© le temps : âCâest pas sorcierâ. Câest simple, lâĂ©mission aura tenu de 1993 Ă 2014 (plus de 20 ans Ă la TV, un record !).
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, les épisodes ressemblaient à ça :
Une telle longĂ©vitĂ© pour une Ă©mission de vulgarisation scientifique nâest pas le fruit du hasard. Quelque part, les concepteurs de lâĂ©mission ont trouvĂ© une recette qui mĂ©rite dâĂȘtre dĂ©cortiquĂ©e. Je pense mâen ĂȘtre moi-mĂȘme inspirĂ© involontairement en concevant mes cours sur OpenClassrooms.
Alors, pourquoi avons-nous tous aimĂ© âCâest pas sorcierâ ?
Observations de terrain
LâĂ©quipe de lâĂ©mission nâavait pas peur de se dĂ©placer. En effet, quoi de plus logique que dâaller observer des Ă©vĂšnements sur le terrain pour ensuite se poser des questions ? Câest ce que nous faisons tous naturellement depuis que nous sommes nĂ©s (nous avons parfois tendance Ă lâoublier !).
Encore fallait-il le faire et mouiller sa chemise pour, par exemple⊠escalader des glaciers :

Le concept mobile de lâĂ©mission a Ă©tĂ© introduit dĂšs le dĂ©but, grĂące Ă un camion âCâest pas sorcierâ (sorte de laboratoire mobile) :

Les maquettes
Les maquettes viennent tout de suite Ă lâesprit quand on pense Ă lâĂ©mission. Câest simple, il y en avait dans tous les Ă©pisodes. Elles Ă©taient Ă la fois simples et riches, avec une petite touche dâinteractivitĂ©.

Ce cĂŽtĂ© âfait mainâ et interactif des maquettes a grandement contribuĂ© au succĂšs de lâĂ©mission.
Pour la petite histoire, vers la fin lâĂ©mission aura tentĂ© de passer Ă des animations 2D et 3D (plus âmodernesâ), avant de faire rapidement marche arriĂšre.
Il ne suffit pas dâutiliser des outils numĂ©riques pour que cela soit plus pĂ©dagogique. Câest Ă mon sens souvent le contraire : des objets physiques sur une maquette nous permettent de nous relier plus facilement aux concepts, qui paraissent du coup bien moins abstraits.
Jeu des questions / réponses
Le fait quâil y ait 2 animateurs dans chaque Ă©pisode (+ une voix off) nâest pas un hasard non plus :
- Lâun voyageait et observait, ce qui amenait Ă se poser des questions.
- Lâautre pouvait alors rĂ©pondre, sur la base de maquettes.
Ce jeu de questions / rĂ©ponses permettait de se mettre dans la tĂȘte du spectateur⊠qui se posait Ă coup sĂ»r les mĂȘmes questions. Il avait donc les rĂ©ponses sans avoir besoin de demander.
Une petite TV dans le camion permettait de faire la passerelle entre les 2 animateurs :

Jâai moi-mĂȘme usĂ© et abusĂ© du concept des questions / rĂ©ponses dans les cours dĂšs les dĂ©buts du Site du ZĂ©ro puis encore aujourdâhui sur OpenClassrooms. Comme jâĂ©tais seul en revanche, je me posais les questions et jây rĂ©pondais, de façon un peu schizophrĂ©nique. đ

Lâhumour
Câest Ă mon sens un Ă©lĂ©ment crucial dans lâĂ©mission. Les blagues et jeux de mots, quâils soient drĂŽles ou pas, montrent que les prĂ©sentateurs savent rire dâeux-mĂȘmes et quâils ne se prennent pas trop au sĂ©rieux. Cela donne dâeux une image accessible.
Il ne faut pas sous-estimer ce point, il est essentiel. En jouant sur le ridicule, on se dĂ©fait de lâimage du professeur sur son estrade, le âsachantâ inaccessible auxquels les Ă©lĂšves doivent rĂȘver de ressembler.
En se montrant simples et drĂŽles, les prĂ©sentateurs de Câest pas sorcier ont fait tout le contraire : ils ont montrĂ© quâils Ă©taient comme leurs spectateurs.
Ce bĂȘtisier devrait vous convaincre que le but recherchĂ© est atteint. đ
Une clé : la passion
Si on observe quelques instants, on ne peut pas la manquer. La passion pour la vulgarisation scientifique se voit clairement dans lâĂ©mission. Elle est lĂ , en filigrane, depuis les dĂ©buts.
Câest dâelle que dĂ©coule tout le reste. Sans passion, ils ne se seraient pas dĂ©placĂ©s sur le terrain, ils nâauraient pas pris le temps de concevoir les maquettes ou nâauraient certainement pas osĂ© faire des jeux de mots.
La passion est contagieuse. Elle se voit dans une somme de petits dĂ©tails, comme lâĂ©merveillement, lâĂ©tonnement, les souriresâŠ
Contrairement aux points prĂ©cĂ©dents, il nây a pas de recette magique pour gĂ©nĂ©rer de la passion. Si elle nâavait pas Ă©tĂ© lĂ dĂšs le dĂ©but, la sauce nâaurait pas pris. Il fallait donc que les prĂ©sentateurs, en vĂ©ritables entrepreneurs, prennent leur bĂąton (ou camion) de pĂšlerins pour aller transmettre leur passion.
Rien que pour ça et pour tout le reste, Fred, Jamy, Sabine : un grand merci. đ
Bonus : lâĂ©mission est dĂ©finitivement arrĂȘtĂ©e, mais toutes les vidĂ©os sont disponibles gratuitement sur Youtube. Bon binge watching. đ€
Le Customer Service est mort…
⊠Vive le Student Success ! đ
Quand nous avons fondé OpenClassrooms avec mon associé Pierre, nous avons commencé par suivre le manuel de la parfaite petite entreprise en bons petits soldats :
â Il faut un service financier.
â Ah bon ok.
â Il faut un management, avec un codir ou un comex mensuel.
â Ah ok ok.
â etc.
Naturellement, quand on a commencĂ© Ă avoir des clients (allelujah !), on sâest dit quâil nous fallait un⊠service client.
A lâĂ©cole et dans les mĂ©dias, on nous a appris quâun service client, câĂ©tait ça :

Cette approche que lâon connaĂźt tous, chez OpenClassrooms on a vite senti que ça nâallait pas le faire :
- On ne fait que rĂ©pondre aux demandes entrantes. On ne se prĂ©occupe jamais de savoir si tout va bien : on attend quâil y ait un problĂšme pour agir.
- On essaie de passer le moins de temps possible pour optimiser les coûts.
- On utilise des réponses scriptées pour⊠ben⊠optimiser les coûts.
Les clients ne seraient donc que des gens qui ont des « problĂšmes » qui nous coĂ»tent de lâargent ?
Pourquoi il fallait changer de nom
AprÚs avoir observé avec attention ces derniers mois nos étudiants chez OpenClassrooms, nous avons maintenant une idée claire de leurs besoins (un indice : non ça ne consiste pas à monter un plateau de téléconseillers qui lÚvent le pouce face à la caméra).
Nous sommes maintenant convaincus que dĂ©penser plus rapportera plus aux Ă©tudiant·e·s comme Ă lâentreprise sur le long terme.
Nous avons voulu prendre le contre-pied du rĂ©flexe qui consiste Ă optimiser les coĂ»ts. Nous avons choisi de dĂ©penser autant quâil le faudrait pour le succĂšs de nos Ă©tudiant·e·s⊠parce que nous sommes maintenant convaincus que ça apporterait plus aux Ă©tudiant·e·s comme Ă lâentreprise sur le long terme.
Câest lĂ que nous est venue une idĂ©e : nous nâavons pas besoin dâun support client. Nous avons besoin dâune Ă©quipe Student Success.
Je sais ce que certains dâentre vous doivent se dire : « Ah, encore de la novlangue de startup cool ! Tiens on me lâavait pas encore faite celle-lĂ , le Student Success ». Comme je comprends votre scepticisme ! Sâil suffisait de maquiller les problĂšmes en changeant de vocabulaire, ce serait trop simple.
Mais paradoxalement, nous avons compris que nous ne réussirions pas en gardant le mot « support client » qui est trop connoté. Il nous fallait un nouveau mot, mais⊠ce ne serait pas suffisant.
Le lifelong coaching sera notre réponse au lifelong learning.
Nous avons voulu crĂ©er un mĂ©tier trĂšs diffĂ©rent. Nous avions donc besoin dâun mot diffĂ©rent. Câest lĂ que nous est venue lâidĂ©e de crĂ©er un nouveau mĂ©tier : le Student Success.
Que fait le Student Success ?
Les Student Success Specialists chez OpenClassrooms ont des missions larges et variĂ©es. Jugez par vous-mĂȘmes :
- Conseiller nos futurs étudiants dans leur orientation. Quelle est la formation la plus adaptée ?
- Sâassurer que chaque Ă©tudiant a un mentor et que leurs sessions ont lieu rĂ©guliĂšrement.
- Suivre chaque Ă©tudiant·e comme si câĂ©tait son poulain, pour sâassurer quâil/elle progresse bien et Ă bon rythme. Si ce nâest pas le cas, engager la conversation pour comprendre ce qui ne va pas et proposer des solutions.
- Répondre aux demandes des étudiant·e·s qui ont des questions sur le fonctionnement de leur formation.
- FĂ©liciter chaque Ă©tudiant·e aprĂšs lâobtention de son diplĂŽme.
- Accompagner les Ă©tudiant·e·s diplĂŽmé·e·s dans leur recherche dâemploi et fĂȘter Ă nouveau avec eux la rĂ©ussite de cette Ă©tape importante. Câest le succĂšs. đ
Vous noterez que lâobjectif ne sâarrĂȘte pas au diplĂŽme : il est dâamener chacun vers un emploi. Nous garantissons lâemploi, cela fait partie de notre mission. Tous nos efforts doivent ĂȘtre tournĂ©s dans ce sens.
Nous pensons que nous devrons aller encore plus loin Ă terme. MĂȘme aprĂšs lâemploi, nous devrons nous assurer que tout se passe bien pour notre ex-Ă©tudiant·e. Le lifelong coaching sera notre rĂ©ponse au lifelong learning.
Les Student Success Specialists sont les gardien·ne·s du temple chez OpenClassrooms.
Les Student Success Specialists sont donc lĂ pour sâassurer quâOpenClassrooms ne faillisse pas dans sa mission. Ce sont les gardien·ne·s du temple.
Les habitudes des (bons) candidats en entretien
Pratiquement tout le monde est amenĂ© un jour Ă passer des entretiens de recrutement. Cet exercice peut certes varier dâune entreprise ou dâun mĂ©tier Ă lâautre, mais il y a toujours des points communs Ă tous les entretiens.
Pourquoi certains entretiens sont rĂ©ussis ? Pourquoi, Ă lâinverse, vous avez lâimpression dâĂȘtre passĂ© Ă cĂŽtĂ© de lâentretien et lâentreprise choisit finalement un autre candidat ?
Un bon moyen de âcomprendreâ les entretiens de recrutement consiste à ⊠en faire passer. Si vous avez lâoccasion dâobserver ou participer Ă un entretien de recrutement dans votre entreprise, faites-le. Vous verrez lâexercice sous un nouveau jour et comprendrez bien mieux ce quâune entreprise peut attendre de vous.
Alors, quâest-ce qui fait quâun entretien est rĂ©ussi ?
Pour ma part, je me suis retrouvĂ© rĂ©cemment Ă faire passer un bon nombre dâentretiens pour plusieurs postes au sein dâOpenClassrooms. Jâai pu voir de tout : des trĂšs bons comme des trĂšs mauvais candidats (du moins Ă mes yeux). A force de voir les mĂȘmes erreurs, ou au contraire les mĂȘmes âbons trucsâ, je me suis dit que jâen ferais une petite liste que je vous rĂ©sumerais ici.
Avertissement : cette liste nâest certainement pas complĂšte et peut-ĂȘtre que dans certains cas mes conseils se rĂ©vĂšleront inadaptĂ©s. Gardez donc votre esprit critique et adaptez-vous Ă votre interlocuteur ! đ
Rédigez une lettre de motivation personnalisée
Toutes les bonnes candidatures Ă©taient personnalisĂ©es. Quâil sâagisse dâun mail ou dâun formulaire rempli en ligne, les bons candidats ont tous fait lâeffort dâexpliquer en quoi le poste les intĂ©resse et pourquoi ils sont des candidats pertinents.
Ne copiez-collez pas la mĂȘme motivation gĂ©nĂ©rique. Personnalisez vraiment pour chaque entreprise. Lorsque la motivation nâest pas personnalisĂ©e, on le voit tout de suite et on a lâimpression que vous postulez un peu partout au cas oĂč pour voir.
Pour la longueur, pas besoin de faire long (5â6 paragraphes font bien lâaffaire). Inutile de faire un document Ă part, sauf si on vous le demande. Et laissez tomber les lettres de motivation manuscrites : jâen vois encore (peu), mais Ă chaque fois elles me rappellent ce prof qui mâavait dit de privilĂ©gier lâĂ©criture manuscrite. Non vraiment, croyez-moi, ce nâest pas la peine. Passez plutĂŽt du temps Ă personnaliser la lettre.
Personnalisez aussi le CV
Les bons candidats avaient tous personnalisĂ© aussi leur CV. Je sais, vous vous dites âĂ quoi bon, un CV ça ne change pas ?â, mais je vous assure que ces petits dĂ©tails font la diffĂ©rence.
A minima, indiquez en haut du CV le poste que vous recherchez (si possible le mĂȘme que celui demandĂ© par lâentreprise ou un synonyme). Ajoutez quelques mots, toujours en haut du CV, pour quâon comprenne en quoi votre candidature est unique et ce que vous recherchez.
Il nâest pas forcĂ©ment nĂ©cessaire de changer le reste du CV Ă chaque fois, mais posez-vous quand mĂȘme la question. Vos expĂ©riences de vendeur, mĂȘme en job Ă©tudiant, ont intĂ©rĂȘt Ă ĂȘtre mises en avant si vous postulez pour un poste de commercial (nâhĂ©sitez pas Ă mettre les bons mots-clĂ©s en gras). En revanche, si vous manquez de place, ne vous forcez pas Ă laisser les expĂ©riences ou diplĂŽmes qui ont moins dâintĂ©rĂȘt.
Le CV nâa pas besoin dâĂȘtre exhaustif : il doit avant tout rĂ©sumer pourquoi vous ĂȘtes la bonne personne pour ce poste du premier coup dâoeil.
Jâen vois venir qui vont dire âmais ça revient Ă maquiller la rĂ©alitĂ© !â. Non, ce nâest pas maquiller la rĂ©alitĂ© : câest montrer que vous avez compris ce qui est demandĂ© sur ce poste et que vous savez synthĂ©tiser les informations les plus pertinentes.
Arrivez Ă lâheure

OK, jâenfonce ici des portes ouvertes, mais il va de soi quâil faut arriver Ă lâheure en entretien. PrĂ©voyez large pour les transports sâil le faut, mais ne manquez pas votre heure de rendez-vous.
La plupart des bons candidats arrivent soit Ă lâheure pile (Ă se demander sâils attendent devant la sonnette pour sonner Ă la seconde prĂšs !), soit 10â15 minutes avant. Arriver trop Ă lâavance (30 min) nâest pas forcĂ©ment gĂȘnant mais peut envoyer un mauvais message (ĂȘtes-vous trop stressé·e ?). Je recommande plutĂŽt dâĂ©viter.
Amenez des CV
Je ne suis pas forcĂ©ment un grand fan du CV papier (chez OpenClassrooms on se partage votre CV PDF ou profil LinkedIN en amont de lâentretien), mais jâai toujours apprĂ©ciĂ© de voir des candidats avec 2â3 CV sur eux âau cas oĂčâ. Vous faites dĂ©jĂ passer un bon message : vous ĂȘtes prĂ©voyant·e, organisé·e.
Accessoirement, si lâentreprise nâĂ©tait pas bien prĂ©parĂ©e, ce qui arrive, on vous en sera reconnaissant et vous ferez gagner du temps Ă tout le monde.
Posez des questions pertinentes sur le poste
On devrait normalement vous demander si vous avez des questions Ă poser vous aussi. Surtout, nâhĂ©sitez pas !
Câest dâailleurs ma question favorite : âQuelles questions souhaitez-vous poser ?â. Jâadore la poser car câest une question trĂšs ouverte qui mâen dit beaucoup sur les candidats. Sâils me rĂ©pondent âaucuneâ, je suis déçu, je sens quâils sont stressĂ©s et quâils nâosent pas faire de faux pas.
Au contraire, sâils posent des questions, je vois quâils sont curieux et jâapprends ce qui les intĂ©resse. Les bons candidats (quâon a fini par recruter) ont tous posĂ© des questions pointues, prĂ©cises, pertinentes. Ce sont des questions auxquelles on commence par rĂ©pondre âBonne question !â.
Que ce soit pour clarifier des missions du poste ou mieux comprendre le business model de lâentreprise, montrez votre curiositĂ© et votre sagacitĂ© !
Soyez synthétique
On vous pose une question, vous vous lancez dans une longue tirade de 10 minutes et on ne peut plus vous arrĂȘter ?
BIIIP ! Mauvais signal.
Les bons candidats répondent aux questions sans circonvolutions interminables. Si on souhaite en savoir plus, il suffit de leur demander.
Cela mâarrive encore souvent dâavoir un candidat qui prend un quart dâheure pour se prĂ©senter, ou qui me perd complĂštement en rĂ©pondant Ă une question⊠Je trouve impoli de couper (quoique parfois je suis bien obligĂ©), mais câest vraiment Ă©puisant⊠pour moi en tout cas.
RĂ©digez un follow-up aprĂšs lâentretien
GĂ©nĂ©ralement le soir mĂȘme aprĂšs lâentretien, les bons candidats font ce quâon appelle un âfollow-upâ. Ils rĂ©digent un court mail pour remercier de lâentretien, rĂ©sumer ce quâils ont compris (en faisant lĂ encore preuve de synthĂšse) et indiquent en quoi leur perception du poste a changĂ© ou sâest renforcĂ©e. Ils se montrent disponibles pour la suite.
LĂ encore, si ma mĂ©moire est bonne, les bons (voire trĂšs bons) candidats font tous cela. Ca prend peu de temps, mais lâeffet est garanti.
Ne. Mentez. Jamais.

Je pense que sâil y avait un conseil Ă retenir, câest avant tout celui-lĂ . Je sais, je sais, ça va peut-ĂȘtre Ă lâencontre des conseils que votre entourage vous a dĂ©jĂ donnĂ©s (âsurtout, ne dis pas ça, et si on te demande ça, dis plutĂŽt ça, lĂ fais bonne figureâ).
Chez OpenClassrooms et dans dâautres startups de ma connaissance, lâhonnĂȘtetĂ© intellectuelle est au contraire un critĂšre essentiel. Mentez une fois, et si je mâen rends compte, je suis sĂ»r de ne pas avoir envie de continuer avec vous, mĂȘme si vous avez Ă©tĂ© gĂ©nial·e par ailleurs.
JâapprĂ©cie les candidats qui reconnaissent sans dĂ©tours quelque chose qui ne les valorise pas et qui montrent comment ils comptent sâamĂ©liorer. Vous nâavez pas lu le cours âHow do we work at OpenClassrooms ?â avant lâentretien ? Jâaurais prĂ©fĂ©rĂ© que ce soit le cas, mais assumez et dites que vous le ferez aprĂšs lâentretien. Si vous me faites croire que vous lâavez lu et que je vois que ce nâest pas le cas, nous ne pourrons jamais travailler ensemble.
La confiance, câest tout. Commencez sur de bonnes bases !
JâespĂšre humblement que ces conseils pourront vous ĂȘtre utiles. A minima, vous serez en tout cas mieux prĂ©paré·e·s si vous venez en entretien chez OpenClassrooms (parce que oui, on recrute !).
Jouez les concierges de votre boĂźte !
Il arrive frĂ©quemment que des personnes me demandent ce que des fondateurs de startup font de leurs journĂ©es. Ils sâimaginent un « emploi du temps super tendu » avec beaucoup de « rĂ©unions importantes », des milliers de dĂ©cisions business critiques Ă prendre, des signatures Ă faire⊠bref, une vie de super hĂ©ros. Câest vrai que nous avons beaucoup Ă faire, mais nous avons aussi besoin de dormir de temps en temps !
Au cours des 10 derniĂšres annĂ©es, jâai eu la chance dâĂȘtre un dĂ©veloppeur, un directeur technique, un directeur Ă©ditorial et un auteur de cours dans ma propre entreprise (et aussi le type connu pour ĂȘtre celui qui passe frĂ©nĂ©tiquement lâaspirateur pendant les mises en prod importantes, mais câest une autre histoire). Avec autant de rĂŽles, il est parfois difficile de savoir ce quâon fait vraiment.
Il nây a pas si longtemps, jâai enfin dĂ©couvert le titre qui rĂ©sumait le mieux ce que je fais depuis un certain temps :
Je suis un concierge.
Comment ça ?! Un concierge ?
Oui ! Il semble que le terme exact soit : Concierge MVE.
MVE signifie « Minimum Viable Experiment » (expérimentation minimum viable), par contraste avec MVP, « Minimum Viable Product » (produit minimum viable).
Il est souvent difficile de tester de nouvelles idĂ©es pour un produit. Souvent, câest le boss qui a une Super IdĂ©e ™, qui Ă©crit ça et lâenvoie Ă une Ă©quipe technique pour quâelle travaille pendant des mois pour en faire une rĂ©alitĂ©.
Je pense que câest dangereux de fonctionner de cette façon. Comment savez-vous si lâidĂ©e de dĂ©part Ă©tait bonne ? Pourquoi vous attendez-vous Ă ce que ça soit la direction qui ait le monopole des bonnes idĂ©es ?
Pourquoi vous attendez-vous à ce que ça soit la direction qui ait le monopole des bonnes idées ?
Vous voulez ĂȘtre certain·e que lâidĂ©e est bonne, mais vous ne voulez pas perdre des milliers dâheures de travail pour le vĂ©rifier. Ceux qui ont lu Lean Startup tentent en gĂ©nĂ©ral de crĂ©er un MVP (en codant la version minimale du produit).
Dâautres personnes ont poussĂ© lâidĂ©e Ă lâextrĂȘme. Câest lĂ quâentre en jeu⊠le concierge MVE. Câest un peu ce que je fais. đ
Au lieu de dire aux gens que jâai eu une idĂ©e gĂ©niale la derniĂšre fois que je prenais un verre, jâessaie de me dĂ©brouiller seul et de rendre cette idĂ©e rĂ©elle sans coder quoi que ce soit. Je fais tout Ă la main pour expĂ©rimenter lâidĂ©e. A ce moment prĂ©cis, il nây a pas de produit. Ou, pour dire les choses dâune autre façon, je suis le produit.
Câest difficile dâimaginer comment faire cela sans coder quoi que ce soit, mais dâaprĂšs mon expĂ©rience il y a toujours un moyen (quoique parfois fatiguant car trĂšs rĂ©pĂ©titif). Parlons de quelques cas concrets !
Quelques cas concrets
Les mentors
A un moment donnĂ© de notre histoire, nous voulions tenter dâutiliser des mentors pour guider et accompagner les Ă©tudiants sur OpenClassrooms. Nous ne savions pas si ça fonctionnerait. Nous nâavions aucune idĂ©e de la façon dont ils devraient accompagner les Ă©tudiants par visioconfĂ©rence.

Ca nous aurait pris plus dâun an pour construire la plateforme complĂšte : outils de rĂ©servation, de confĂ©rence, de validation et de feedback⊠Ca nous aurait pris une grande quantitĂ© dâĂ©nergie, pour des rĂ©sultats absolument incertains.
Au lieu de ça, jâai dĂ©cidĂ© que je ferais tout Ă la main moi-mĂȘme au dĂ©but. Je serais le mentor, je gĂšrerais les premiĂšres sessions manuellement et dĂ©ciderais ce quâil faudrait faire ensuite. Jâai utilisĂ© Ă ce moment-lĂ Skype pour les visioconfĂ©rences, jâai envoyĂ© des invitations manuelles sur Google Calendar, jâai Ă©crit des notes dans des Google Docs sĂ©parĂ©s, etc.
Vous ne voulez pas perdre trop de temps et dâargent Ă construire quelque chose dont personne ne veut.
Cela sâest rĂ©vĂ©lĂ© dâune grande valeur (et est devenu lâun de nos produits principaux). Plus tard, quand jâai fini par avoir trop de travail en tant que mentor moi-mĂȘme, jâai commencĂ© Ă rechercher dâautres mentors. Quand faire les choses Ă la main dans des Google Docs est devenu trop dĂ©licat, jâai pu dire aux dĂ©veloppeurs de quoi nous avions besoin exactement sur le site.
Ce processus sâest rĂ©vĂ©lĂ© trĂšs efficace :
- Je nâai pas eu besoin de demander de lâaide au dĂ©but, jâai pu commencer Ă travailler immĂ©diatement.
- Je savais de quoi jâavais vraiment besoin lorsque jâai commencĂ© Ă parler aux dĂ©veloppeurs.
Et si vous lanciez Deliveroo ?
Maintenant, essayez de faire le mĂȘme exercice. Imaginez comment vous lanceriez une start-up de livraison Ă domicile comme Deliveroo, si vous en Ă©tiez le fondateur ou la fondatrice.

Votre premier réflexe sera probablement de vous dire :
- « Ok, il faut que jâembauche des personnes avec des vĂ©los »
- « Et il faudrait que jâaie une liste de restaurants en ligne, avec leurs menus »
- « Les gens devraient pouvoir payer par carte de crédit »
- etc.
Cela vous prendrait beaucoup de temps Ă construire. Vous avez dâabord besoin de vĂ©rifier si câest un service que les gens veulent vraiment utiliser, et vous ne voulez pas perdre trop de temps et dâargent Ă construire quelque chose dont personne ne veut.
Trouver comment faire les choses sans coder sâest rĂ©vĂ©lĂ© difficile pour moi.
Comment feriez-vous cela en tant que concierge ? La meilleure façon serait de tout faire Ă la main au dĂ©part : prenez un vĂ©lo, allez chercher les commandes directement auprĂšs des clients, voyez sâils aiment ce service et sâils en redemandent. Ensuite, quand vous commencez Ă avoir trop de travail, proposez petit Ă petit un moyen de faire les commandes en ligne et trouvez des personnes pour vous remplacer dans les livraisons Ă vĂ©lo.
Vous apprendrez beaucoup car vous parlerez directement Ă vos clients.
Un dernier conseil
Cette mĂ©thodologie sâest rĂ©vĂ©lĂ©e trĂšs efficace pour moi et, au final, pour OpenClassrooms. Toutes les idĂ©es ne sont pas bonnes (loin de lĂ !). En fait, ce nâest pas tant quâil y a des bonnes et des mauvaises idĂ©es, mais plutĂŽt des idĂ©es qui ont besoin dâĂȘtre amĂ©liorĂ©es. En faisant le travail vous-mĂȘmes, vous saurez bien plus vite ce que les gens attendent.
Trouver comment faire les choses sans coder sâest rĂ©vĂ©lĂ© difficile pour moi. Vous devez ĂȘtre crĂ©atif et ne pas avoir peur de faire les choses Ă la main. Jâai lu que certains entrepreneurs expĂ©rimentĂ©s conseillent de « faire des choses qui ne passent pas Ă lâĂ©chelle » (« do things that donât scale »). Je pense que câest un bon moyen dâoser faire les choses Ă petite Ă©chelle, en se confrontant Ă la rĂ©alitĂ© du terrain.
Si votre idĂ©e est bonne, vous devriez bientĂŽt ĂȘtre dĂ©bordé·e de travail. Câest bien. Ca veut dire que vous ĂȘtes sur la bonne voie. Vous pouvez commencer Ă construire le produit et Ă dĂ©lĂ©guer Ă dâautres personnes.
Avec le temps que vous venez de libérer, vous pouvez maintenant recommencer à tester de nouvelles idées folles !