Pour prendre les bonnes décisions, une entreprise a besoin d’un document qui résume sa situation. Ce document doit être une sorte de photo de l’entreprise. Une photo qui dit : « voilà qui nous sommes, voilà où nous en sommes ». Il nous permet de décider dans quelle direction aller.
Historiquement, ce document est le bilan comptable. Il permet d’observer l’entreprise sur son aspect financier.

Ce document (avec d’autres documents financiers) sert de base de discussion : comment va l’entreprise, que doit-on faire, etc. Globalement, la discussion est centrée autour de ces informations financières.
Or, si les documents financiers indiquent la viabilité de l’entreprise, ils ne donnent pas de contexte sur d’autres enjeux tout aussi importants, comme son bilan social ou environnemental. On se rend compte aujourd’hui que piloter une entreprise uniquement sur le plan financier peut amener à des désastres sociaux et environnementaux. Une entreprise peut être très rentable, très bien gérée, et pourtant polluer terriblement la planète.
Le problème est qu’il n’y a pas vraiment de standard pour faire le bilan des aspects sociaux et environnementaux. Il y a bien B Corp dont je parlais récemment (et impact.gouv.fr en France depuis peu), mais cela reste loin de la maturité des standards financiers.
Regardez un bilan financier : sa structure est claire, il y a des normes, des normes internationales (et encore, cela varie parfois). Pour un bilan social et environnemental, chacun y va encore de la façon qui l’arrange le plus, pour présenter l’entreprise sous son meilleur jour si possible. Voilà comment on en arrive à faire du social washing et du green washing.
Que fait OpenClassrooms ?
OpenClassrooms est une entreprise à mission et sa mission est sociale : rendre l’Education accessible. Son impact est sur l’emploi : nous mesurons le nombre d’emplois que nous parvenons à créer. Notre objectif est d’aider 1 million d’étudiants dans le monde à trouver un emploi en 2025.
Mais OpenClassrooms, comme toute entreprise, a aussi un impact environnemental, qu’on le veuille ou non. Nous ne sommes pas une entreprise « green tech » mais nous avons une responsabilité. C’est pour cela que nous commençons à mesurer cet impact : que produisent nos propres déplacements professionnels, mais aussi et surtout nos serveurs ?

(source : Quantis)
Pour OpenClassrooms, l’essentiel des émissions est dans le scope 3 à savoir les émissions indirectes. Il faut être précis et comparer les étudiants gratuits (sur les cours), les étudiants payants (sur les parcours), regarder leur usage, etc.
Ce travail a été fait par Quantis, et nous en avons les premiers résultats aujourd’hui. Sans tout détailler ici, car c’est un peu tôt, nous avons un premier enseignement : c’est d’abord le visionnage de vidéos qui provoque le plus de rejets de CO2.

Que faire ensuite ?
Ce n’est qu’un premier pas, mais un pas important : nous avons maintenant une première mesure de notre impact. Il nous reste encore beaucoup à faire.
Nous savons que les vidéos sont consommatrices de ressources. Nous pouvons tenter d’optimiser la bande passante, éviter de les lancer automatiquement, etc. C’est ce que nous allons regarder de plus près.
Si on prend du recul, une question nous taraude : est-ce plus doux pour la planète de se former en ligne ou en présentiel ? Nous n’avons pas encore la réponse : il y a beaucoup moins de déplacements des étudiants et professeurs, mais en revanche il y a beaucoup plus de serveurs. Nous avons l’intuition que la formation en ligne a moins d’impact environnemental, mais cela reste encore à prouver.
En revanche, nous avons une conviction dans tous les cas : nous voulons contribuer à la neutralité carbone de nos émissions. Cela veut dire que le diplôme de chaque étudiant doit être neutre en carbone à l’avenir. Pour cela, il faut réduire notre impact mais aussi financer des projets ayant un impact positif pour l’environnement. Cela réduira mécaniquement notre marge financière, mais c’est un compromis que nous devons faire. Nous avons une responsabilité.
Plus tard, nous aspirons à atteindre un certain Graal du reporting. Au lieu de faire simplement un reporting financier, nous combinerions :
- Reporting financier 💰 : quelle est notre santé financière ?
- Reporting social 🤝 : quel est notre impact sur l’emploi ?
- Reporting environnemental 🌱 : quel est notre impact sur la planète ?
Cela devrait donner une vue plus complète et plus juste d’une entreprise comme OpenClassrooms. Le chemin pour y parvenir sera peut-être long, mais nous avons hâte !